L’offre de formation en matière de jeu verbal est extrêmement limitée. Ce que l’on appelait autrefois les cours de diction sont tombés en désuétude. Rémi Godement-Berline et Arnaud Churin proposent une nouvelle approche du jeu verbal en se fondant sur certains travaux des scientifiques du langage. Non pas que l’art de parler sur scène puisse être figé, résolu, comme on le fait dans les sciences dures, l’approche proposée permet de « se cultiver », d’approfondir ses propres connaissances dans le domaine, afin d’être plus libre et créatif dans sa prise de parole.
En amont de l’atelier, les stagiaires devront apprendre par cœur la retranscription textuelle écrite d’une prise de parole spontanée. Ils, elles devront en utilisant leur compétence en matière d’art dramatique, « faire croire » que cette parole est la leur. Telle est l’indication de départ.
Lors de l’atelier, les stagiaires – en s’appuyant sur des travaux scientifiques ; en analysant la façon dont les personnes parlent “dans la vie” ; et en mettant en pratique ces apports théoriques par des exercices de théâtre déplacent les enjeux habituels de la direction d’acteurs et d’actrices et sont invité·es à un voyage dans les sciences de la parole et au cœur de leur phrasé individuel.
C’est notamment par la pratique de l’exercice “Les gammes de la parole” mis au point par les deux intervenants (au cours d’une recherche financée par le ministère de la culture) que les stagiaires se familiarisent avec les éléments de la prosodie.
Á la mi-stage, les participant.es écoutent la parole du locuteur·rice source (ayant fait l’objet de la retranscription qu’ils ont appris par cœur).
Á l’aide d’outils de mesure acoustique, ils dressent une analyse des paroles spontanées et inventent une partition langagière, faites des éléments prosodiques repérés chez le locuteur·rice source. Puis ils testent cette partition sur des textes de nature et de style différents.
Ainsi, jour après jour, une séquence de langage s’invente, inscrivant les exercices dans une perspective résolument créative.